samedi 5 mars 2011

Ecriture et orthographe, une liaison complexe qui peut être compliquée

L’écriture et l’orthographe, une liaison conflictuelle ou fusionnelle ?

1. Le premier principe affirmé est donc d’apprendre l’orthographe en écrivant …
Ecrire est premier , mais il faut chemin faisant pour l’élève construire sa compétence orthographique, chemin faisant il faut pour l’enseignant enseigner l’orthographe ou  tâcher de le faire :
-garder en en objectifs les trois niveaux de compétences : phonographique, lexicale, grammaticale
- y travailler  à partir d’activités qui les mettent toutes trois en jeu et en interaction : c'est-à-dire d’activités de mise à l’écrit de TEXTES.
Textes adaptés bien sûr au niveau des élèves, par leur longueur et leur diffculté : phrases au CP, listes de jeu, légendes de photos, de dessins ou d’images, phrases clé dites par le personnages d’une histoire, puis des textes plus longs ensuite mais toujours présentant du sens . un texte à mon sens ne doit jamais être choisi  pour les problèmes orthographiques qu’il recèle mais l’intérêt de ce qu’il exprime. Il s’agit d’un enjeu important : l’apprentissage de l’orthographe  ne se fera que s’il en vaut la chandelle, s’il permet au bout du compte d’écrire quelque chose, s’il contient la promesse d’un vrai pouvoir.
Ainsi le disant Rousseau pour l’apprentissage de la lecture, qui prétendait qu’il se ferait sans problème s’il comportait la promesse du pouvoir  écrire( à sa petite amoureuse, en particulier)
On pourrait proposer une démarche en deux ou trois temps : le temps de l’écriture où l’on dispose d’aides diverses, ou bien où l’on se  débrouille avec ce que l’on sait…
PUIS des temps de réflexion, récapitulation, structuration des savoirs orthographiques acquis : là se situeraient les activités spécifiquement orthographiques où la réflexion porterait seulement sur l’orthographe (par exemple la « dictée à la parlante », la réflexion sur la valeur d’une lettres dans les mots du texte, la mise en évidence de constantes d’accord)
Ces temps réflexifs pourraient donner lieu à des traces  écrites dans un cahier mémoire par exemple.
Ce serait agréable que ces outils –mémoires soient de jolis objets, comportant des traces établies collectivement et un part plus  personnelle, un titre choisi personnellement, le choix d’une phrase  que l’on aime, une illustration dessinée, une frise décorative, une photo : une sorte de blog en somme !!!!

2. L’écueil pourrait être, si ce fonctionnement (on écrit, on réfléchit et on en tire des enseignements) était exclusif,   qu’on pense finalement qu’on ne peut écrire que dans un but d’apprentissage.
De même qu’on a parfois pu penser chez nos élèves qu’on ne lit que pour « étudier » la littérature, ou pour répondre  à des questionnaires.
Il ne faudrait donc pas, 2ème principe , que ce fonctionnement soit exclusif mais il faudrait proposer des activités où en quelque sorte on éluderait la question orthographique , en la remettant à plus tard, ou en se donnant de l’aide celle d’un « écrivain public » par exemple, l’enseignant, une sorte de « correcteur à pattes », qui corrigerait votre texte en vous faisant grâce des commentaires orthographiques  …vous n’auriez alors qu’ à  recopier…et même, si vous étiez assez petit ou persuasif , on vous le recopierait ou vous l’éditerait !!!
3. …Car, 3ème principe, pas question de laisser définitivement sous le nom de texte un texte sans orthographe…Recopiage, ou édition, ou mise au propre  … sont indispensables pour qu’un texte ait statut de texte ..


Enfin indispensable !  presque toujours….
Comme disait l’adorable, beau et charmeur Gérard Philippe : « Dans la vie , on a d’abord des principes, et puis on a des enfants !!!!! »
J’ajouterais… des enfants pour élèves, et …des petits enfants !!!!


vendredi 4 mars 2011

Orthographe: des raisons ou des délires???

Enseigner l’orthographe, comme il faut bien s’y résoudre, on souhaiterait ne pas le faire comme un pensum, ni y consacrer plus de temps qu’à lire, écrire des textes, faire de la grammaire, dire de la poésie jouer des scènes de théâtre, discuter du sens des textes qu’on lit…Alors que faire ?
Peut-être d’abord ne pas présenter son apprentissage comme insurmontable ou dramatique ; ne pas crier avec la distinguée Nina Catach, linguiste, aux  « Délires de l’orthographe ». Car si elle a des incohérences et des contradictions issues de son histoire et de sa construction,  notre orthographe présente tout de même un certain nombre de régularités dans le domaine phonographique, lexical, ou grammatical…
Bien sûr ce serait tout aussi abusif ou  trop volontariste de prétendre à l’inverse, avec Thimmonier , que le  « Code  orthographique et grammatical du français » est toujours raisonné (même s’il n’y paraît pas ou plus parfois).
 Il faut s’y faire : il y a des constantes, il y a aussi des aberrations, il y a des sous-codes, des sortes de « lois privées »(privilèges) à l’intérieur d’un code général.
En fait cela fonctionne comme un système social (notre système social ?). Il y a des lois , à connaître c’est sûr, et beaucoup !!! de dérogations, à connaître une à une, au fur à mesure qu’on les rencontre : le Verbe fonctionne un peu différemment des autres mots "lambda", les mots savants aussi…etc… Chiromancie ne bénéficie pas de la même prononciation que chirurgie….Ils violent ne se prononce pas de la même manière que l’adjectif violent
C’est je crois cet état de fait qu’il faut expliquer à nos apprentis :
1. Il y a des constantes phonographiques que les apprentis découvrent d’ailleurs en général assez tôt en écrivant et pour écrire…
2. Puis il y a les MOTS, leur famille… qui utilisent ces constantes un peu à leur guise selon leur histoire, leur catégorie grammaticale
Sain  ( avec son a qui ne sert à rien! ou du moins à rien pour le son!) reste de la famille de santé et de sanitaire, le chat est le mec de la chatte et du chaton, ce qui explique le t final muet, un petit signe de famille en somme…mais le doublement du t ???Je n’en sais rien …il y a peut-être une raison, mais moi je l’ai oublié, il faut se le rappeler ou sinon demander…
Car la notion d’aide est très fondamentale en « orthographie », on ne peut prétendre que l’apprenti peut se débrouiller par la logique ou le raisonnement : il peut faire des hypothèses , vu ce qu’il sait du système,  des règles , mais après il faut vérifier l’écriture du mot, et du mot dans son contexte, la savoir,  ou la demander à quelqu’un qui  la sait…
3. enfin il faut écrire les mots en PHRASES,et cette mise en séquence va établir entre eux une dépendance orthographique ; chaînes du pluriel, du féminin/masculin, flexion du verbe selon les personnes ou son rôle syntaxique…
Une tradition scolaire assez bien établie a conduit à privilégier chronologiquement et hiérarchiquement les constantes phonographiques et à y consacrer la majeure partie de l’enseignement de l’orthographe au CP et au CE.
Je crois  que cette pratique contribue à faire accroire que l’on écrit des sons , et que l’on peut écrire phonétiquement, ou du moins que c’est déjà bien d’écrire phonétiquement,  or il n’en est rien : c’est en mots qu’on écrit, et en phrases. Et c’est dès le début de l’écriture qu’il s’agit d’écrire en mots ou en phrases, de faire comprendre ce triple niveau de fonctionnement du système, car le système orthographique comme tout système fonctionne dans la complexité et s’apprend de même…

Et ce sera mon second principe : pour enseigner l’orthographe, il faut faire écrire des mots et des phrases, des mots dans des phrases dès le début.
En aidant à dégager les trois niveaux du système  au fur et à mesure qu’on l’utilise, de manière assistée au départ et progressivement de plus en plus autonome, cette autonomie demeurant toute notre  vie d’écriture absolument relative….
Car il y aura toujours du nouveau ou de l’inconnu dans les mots que nous aurons à rencontrer…
Quelle aventure !!! Quelle aventure !!!

A suivre donc :
Entre orthographe et écriture, une liaison complexe qui peut être compliquée ...