mercredi 23 février 2011

Les délices du « Cadavre Exquis »

 
En  attendant au restaurant que soient servis les plats, ou en voiture pour tromper la longueur de la route, nous nous sommes mises, mes petites et moi, à jouer au « Cadavre Exquis »
Vous connaissez le jeu...
Quant à son  nom, ce sont les Surréalistes qui le lui avaient donné, en y ayant obtenu une phrase qu’ils trouvaient remarquable, tant par son décalage poétique qu’en raison de ce qu’elle révélait de « l’inconscient collectif » qui les intriguait fort…:

Le cadavre exquis boira le vin nouveau…


Rappel des règles du jeu :

Sur des papiers découpés en bandelettes ,
Le 1er joueur écrit :
Un sujet (ou un groupe sujet) (ou un nom)
Puis replie le papier de manière à cacher sa production et passe au suivant
Le 2ème :
Un verbe (de préférence transitif)
Puis replie le papier de manière à cacher sa production et passe au suivant
Le 3ème :
Un complément d’objet direct
Puis replie…
Le 4ème :
Un complément circonstanciel de temps (ou de lieu)
Puis ….

Et l’on déplie, découvre et lit aux autres en essayant de valoriser par le ton de la lec ture la production obtenue.

Ayant à faire jouer ensemble une petite CP, aujourd’hui moins petite CE1, et une « grande » CM2, je devais répondre à des questions du type :
 "C’est quoi un sujet ? C’est quoi un verbe transitif ?
A quoi je répondais par l’exemple en disant : « Le sujet, dans la phrase le petit éléphant a peur, c’est le petit éléphant … »
Ou: "Un verbe transitif, c’est  dans "Camille aime l’écriture", aime quand après, on a un complément qui dit ce qu’elle aime….
Et je me rendais compte que de jeu en jeu, ces notions finissaient par leur être familières . Je pensais alors au parti à en tirer concernant la nomenclature grammaticale.
-Toute la familiarisation produite par l’exemple et l’utilisation immédiate, le nom de la notion s’acquérant comme la notion elle-même pragmatiquement…(bien plus sûrement que par une définition  souvent incertaine…
-Toute l’adaptation possible au niveau de chacun  ,  permise par la variation des consignes données :
Un déterminant et un nom
Un groupe sujet
Un groupe nominal
Un nom et sa relative
Un nom et son complément du nom

Un verbe transitif
Un verbe intransitif

Un complément de temps,
Un adverbe
Une proposition introduite par quand

Etc. etc.
Le plus intéressant dans l’immédiat du jeu étant le jugement porté sur les phrases produites.
Dites, pour certaines :
Impossibles, et pourquoi ?
Pour d’autres :
Marrantes et pourquoi ?
Pour d’autres :
Poétiques  ou jolies et pourquoi ?
Et la possibilité de les dessiner….

Remarques,
Je vous laisse le plus facile !!! Adapter en situation scolaire ce petit jeu de trompe l’attente.


Rappel du matériel
Bandes de papier
Crayons
Gommes
Crayons de couleur(facultatif)
Cahier de dessin (facultatif)…

mardi 22 février 2011

La Dictée, cette ringarde… ???

Elle a mauvaise réputation, elle véhicule des souvenirs à la Pagnol,  ou des images de maîtres sévères qui dictent en articulant trop bien,  en arpentant les allées de la classe, et en faisant craquer le cuir de leurs souliers bien cirés…
Elle peut être rude à ceux qui ont des problèmes ….et  accumulent  des décomptes de points qui dégringolent au-dessous de zéro…
Elle est l’outil détestable de leur stigmatisation.

Pourtant c’est bien en écrivant quantité de textes « normaux », de ceux qu’on rencontre en lecture, ou en « récitation »,  mais aussi de ceux qu’on produit, à force de rencontres multiples avec les mots , et les phrases qui les enchaînent les uns aux autres, qui les accordent en séquences , c’est bien à force d’écrire des textes, que l’on finit par orthographier à peu près correctement….
A force aussi d’y être aidé par un « feed back correctif » comme on disait en maternelle...[1].

En fait ce n’est pas la situation de dictée qui est mauvaise, ce sont les conditions de son déroulement, et son utilisation à des fins exclusives d’évaluation et de notation qui l’empêche de jouer son rôle d’outil d’apprentissage…

"Dictée à la parlante" 
Mais écrire sous la dictée un texte pourrait être une situation d’apprentissage intéressante
…a condition d’en changer  les règles du jeu :
-    choisir, ou faire choisir par les élèves un texte un vrai texte, d’une longueur modérée, un poème à apprendre, un petit passage de la lecture du jour, une phrase qu’on aime …
-     présenter la situation comme une situation problème : « Comment s’écrit ce texte, est-ce qu’on sait l’écrire ?"
-     y faire  jouer plutôt en petits groupes[2]
-     faire écrire le texte au brouillon d’abord. Comme un essai.
-     faire jouer « à la parlante » , en donnant  le droit de demander de l’aide pour les mots qu’on ne sait pas écrire, aux autres, puis à l’enseignant, qui doit toujours valider l’orthographe exacte du mot demandé, en l’écrivant au tableau le cas échéant.
     Il ne s’agit pas ici de dictée préparée à l’avance. Car comme le disait jadis une de mes collègues et amies de CM2, c’est quand on a le mot au bout du stylobille que la difficulté apparaît vraiment…
-     Eventuellement ménager un temps d’échange à l’intérieur du petit groupe. Ceci n’est pas obligatoire, on peut aussi se contenter d’un essai individuel de production .
-     Eventuellement aussi un temps où utiliser des outils d’aide (tableaux de conjugaison, ou dictionnaire, en particulier s’il y a discussion)…Mais ce n’est pas toujours nécessaire car ce temps alourdit la réalisation, et véhicule l’idée d’une tâche compliquée, alors que l’enseignant  et les autres sont là, et compétents pour faire avancer la tâche.
-    Puis procéder à la mise en commun pour établir la forme orthographiquement correcte du texte. Cette mise en commun doit être établie clairement au tableau, qui sert de référence,  et validée par l’enseignant.
-    Faire bien relire,  puis recopier le produit sur un cahier.
-     Ce cahier, qu’on pourrait appeler  « recueil de textes » pourrait  servir de mémoire, « un cahier- mémoire » et de référence possible lors de situations ultérieures.
Il pourrait être illustré, à la guise de chacun, ce serait un outil personnel. Une fois contrôlé, bien sur !!!

Il est très important à mon avis,
 -Que  les élèves aient l’impression que cette activité, loin d’être un simple exercice, contribue à donner au texte une existence –écrite-, une sorte de statut…c’est pourquoi le choix des textes par l’enseignant ou par l’élève est très important : il ne s’agit ni de choisir des textes artificiellement composés de difficultés  accumulées , ni des phrases aléatoires…L’essentiel , c’est le sens du texte, son intérêt…tout texte en effet présente suffisamment de difficultés orthographiques pour qu’il soit intéressant de chercher à l’écrire et l’orthographier.Ce n'est donc pas sa difficulté orthogaphique qui doit déterminer son choix. 
-Qu' elle donne lieu à un « produit »  soigné autant  qu’il se peut, qu’on aura plaisir à retrouver
-Que ce travail ne soit pas contaminé par un décompte comptable du nombre de « fautes » ni se solde par une estimation d’échec ou d’insurmontable difficulté.
On pourra faire par ailleurs des évaluations, mais ce travail devrait rester un  travail d’apprentissage de l’écriture d’un texte…
-Que  l’aide apportée soit constante et diligente, sans trop mégoter  avec des « tu le sais ! », «  tu devrais bien le savoir ! », « quoi ! tu ne le sais pas encore !!!! »

 Conclusion :
Même s’il s’agit là d’une activité très organisée et structurée dans son déroulement, le geste d’enseignement qu’elle met en œuvre  devrait je crois être généralisé à toutes les tâches d’écriture, à savoir :
-on va écrire tel ou tel texte
-est-ce qu’on sait ?
-qu’est-ce qu’on ne sait pas ? Voilà les aides nécessaires
-on essaie et je (ou d’autres , variables selon la compétence attendue pour cette tâche) vérifie, « parce que en principe j’en sais plus que vous sur la norme othographique »

Remarque:
Ces dictées à la parlante m’ont permis personnellement d’aider des proches de ma famille, je les ai ensuite utilisées avec des adultes réputés « illettrés », puis nos  enfants de l’école, et parfois du collège…

Rappel du matériel et des ingrédients nécessaires :
-   du texte, du vrai texte…
-         un stylo bille, ou éventuellement un crayon et une gomme
-         un bloc sténo
-         un cahier
-         le tableau ou un paper board…



[1] L’expression, empruntée à la théorie de la communication et utilisée par Laurence Lentin pour décrire le retour que fait l’adulte à ce que dit l’enfant. Simple retour de compréhension, «  Oui tu veux dire » « Oui, d’accord » ou d’incompréhension « ??? »…
Il peut aussi reprendre « dans la foulée » l’énoncé produit par l’enfant d’une manière plus explicite et correcte,. Il est alors dit feed back correctif…
[2] Le reste de la classe peut être occupée, de préférence  individuellement à d’autres travaux orthographiques autonomes, recopier la « récitation », la production d’écrit, des phrases qu’on aime, des titres de chansons ou de livres, dans son recueil de textes, rentrer un texte sur l’ordi  ….




lundi 21 février 2011

ortografikement vôtre, mes chers collègues!!!

Comme je l’ai souvent dit et écrit, quel que soit l’agrément de ma vie oisive actuelle, quels que soient les intérêts multiples que j’y trouve , partir en balade pour écouter de la musique, accourir auprès de mes petites filles au moindre besoin, et même sans prétexte, me coucher à pas d’heure et me lever de même, écrire des textes nonchalants au gré de ma fantaisie « divagatrice »,  et passer du temps à les corriger et les peaufiner pour d’hypothétiques lecteurs…
En dépit de tout cela…

Chers collègues, vous me manquez un peu, vous particulièrement, jeunes et joyeux collègues en formation, qui n’étiez pas toujours drôles mais souvent, avec qui nous riions bien  joyeusement….
Considérant avec plaisir que les fiches à vous confiées me semblent très souvent consultées….
Considérant que le souci d’apprentissage de la langue et de la littérature n’a pas quitté réellement ma pensée, et me souffle souvent récriminations et préconisations…
Considérant que je continue d’apprendre avec mes petites filles, comme j’ai toujours appris avec les enfants,

 J’ai décidé de tenir un blog de recettes pédagogiques  avec les ingrédients de ma réflexion actuelle.

Ces recettes seront ce que sont mes recettes de cuisine…peu fixées sur la pesée des ingrédients, régulées par essais successifs, « en goûtant » et « reniflant »…soumises à vos essais et vos jugements….
J’essaierai comme pour la cuisine familiale d’y fournir  régulièrement,  mais ne promets pas d’y parvenir, étant inconstante désormais….
Au fait, malgré les apparences, ce blog ne parlera pas que d’orthographe … !!!

A suivre...